Icebergs : tout savoir sur ces géants de glace

Les icebergs fascinent et impressionnent... ces immenses silhouettes bleutées qui flottent et dérivent aux confins du monde. On les observe depuis les côtes en Islande, on les longe en zodiac au Groenland, on les aperçoit depuis un bateau en Antarctique... Mais que sait-on vraiment de ces géants de glaces ?

Dans cet article, je t'explique tout ce qu'il faut savoir sur les icebergs. Comment se forment-ils ? Pourquoi sont-ils parfois d'un bleu éclatant ? Pourquoi leur évolution est très surveillée et intrigue les chercheurs ?

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Qu'est-ce qu'un iceberg ?

Commençons par le commencement, quelle est la définition d'un iceberg ? Il s'agit d'un bloc de glace d'eau douce, détaché d'un glacier ou d'une plateforme glaciaire. La particularité d'un iceberg est qu'on n'en voit qu'environ 10% à la surface. Les 90% restants sont immergés. Ce phénomène s'explique du fait que la densité de la glace est légèrement plus faible que celle de l'eau de mer. La glace s’enfonce jusqu’à ce que la poussée de l’eau compense son poids. C'est ce qui les rend si impressionnants, et parfois dangereux, leur forme sous-marine est imprévisible.

Évidemment, tous les icebergs sont différents, ils varient en taille et en forme. On peut voir des fragments qui flottent à la surface de l'eau, mais aussi des colosses qui peuvent atteindre plusieurs kilomètres de long.

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Comment se forme un iceberg ?

Pour comprendre la formation d'un iceberg, il faut d'abord se pencher sur les glaciers. Année après année, la neige s'accumule, se compacte et se transforme en glace. Sous l'effet du poids accumulé, la glace devient un peu déformable et commence à glisser. Il s'agit tout de même d'un processus très lent, la glace avance de quelques mètres par an.

Lorsque le glacier arrive à la côte, il commence à flotter partiellement sur l'eau, et c'est là que la masse de glace se fragilise. Des fissures se développent dans le glacier lui-même. C'est alors que des morceaux de glaces peuvent se détacher et tomber dans l'océan... donnant naissance à un iceberg.

Ce phénomène s'appelle le vêlage (calving en anglais). Il peut être causé par plusieurs facteurs, tels que la pression interne du glacier, les variations de température, les mouvements de marée ou encore l'érosion par l'eau au sein du glacier.

Une fois détaché, l'iceberg entame son voyage... Il est sculpté par les vagues, les vents, les courants. Certains restent près des côtes, d'autres dérivent sur des centaines de kilomètres.

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Les différentes formes d'icebergs

Certains icebergs sont immenses et plats tandis que d'autres sont dentelés, sculptés par le vent. La forme des icebergs dépend de différents facteurs : leur origine et la façon dont ils se sont détachés, puis de leur "vie" en mer, fractures, retournements, érosion, etc...

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Les icebergs tabulaires

Ce sont les géants de l’Antarctique. Les icebergs tabulaires sont de vastes plateaux de glace, aux parois verticales et au sommet parfaitement plat. Certains mesurent des dizaines de kilomètres. Ils se forment lorsqu'un pan entier d'une plateforme glaciaire se détache d'un seul bloc.

Parmi les icebergs tabulaires qui ont fait parler d'eux, je vais vous raconter l'histoire de A-68. En juillet 2017, un iceberg gigantesque se détache de la plateforme glaciaire Larsen C, dans la péninsule Antarctique. C'est l'un des plus grands icebergs jamais observés, on le surnomme A-68 (je reviendrai après sur les noms des icebergs). Il a une superficie de près de 6 000 km², presque deux fois le Luxembourg. Lors de son voyage, A-68 a dérivé pendant des mois, avant d'arriver dans l'Atlantique Sud. C'est finalement en 2021, qu'il a fini par se fracturer et a progressivement fondu, jusqu'à disparaître totalement. Lors de mon voyage en Antarctique, nous avions fait face à l'immensité et à la dangerosité de cet iceberg. L'équipage avait du modifier le planning pour éviter que l'iceberg ne nous bloque le chemin retour, ou pire ne nous écrase... C'est ce que je vous raconte dans mon livre "Rencontre à Snow Hill" (entre autre).

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Les icebergs irréguliers

Les icebergs les plus fréquents ne sont pas tabulaires, ils ont des formes totalement irrégulières : des pics, des arches, des cavités. Ils proviennent du vêlage de glaciers côtiers et leur forme évolue constamment à mesure qu'ils fondent.

Les bergy bits et les growlers

Les bergy bits et les growlers sont des petits morceaux d'icebergs, de la taille d'une maison pour les premiers ou d'une voiture pour les deuxièmes. Ils sont dangereux pour la navigation car difficile à repérer. Lors d'une croisière, et notamment d'une sortie zodiac, ce type d'icebergs flottent en grand nombre autour de nous.

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Les icebergs à arche

Pour terminer, les icebergs à arche sont formés par l'érosion, qui a creusé un trou dans la glace, transformant l'iceberg en pont naturel. Ils sont spectaculaires, mais fragiles et instables.

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La couleur des icebergs

Les icebergs peuvent être blancs ou bleus, selon la manière dont la glace s'est formée. Lorsqu'ils sont blancs, cela signifie que des bulles d'air sont emprisonnés dans la glace et diffusent la lumière dans toutes les directions. La glace renvoie donc un blanc lumineux, parfois presque scintillant. Il s'agit de glace relativement jeune et donc peu compressée. Les icebergs bleus, quant à eux, témoignent d'une glace plus ancienne et plus pure. La neige s'est accumulée et le poids écrase totalement les bulles d'air, la lumière pénètre mais ne renvoie que le bleu.

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Le nom des icebergs en Antarctique

Les icebergs sont étudiés et surveillés, notamment à cause des dangers qu'ils représentent pour la navigation (souvenez-vous du Titanic). Le National Ice Center (NIC) suit les icebergs provenant de l'Antarctique, et donne un nom à ceux qui mesurent plus de 10 milles marins, soit 18,52 kilomètres. Ce nom est composé d'une lettre indiquant son origine, suivie d'un nombre, tout simplement incrémenté pour chaque nouvel iceberg.

• La lettre A indique qu'il provient du 1er quadrant entre 0° et 90° de longitude ouest (mer de Bellingshausen et mer de Weddell).
• La lettre B indique qu'il provient du 2e quadrant entre 90° et 180° de longitude ouest (mer d'Amundsen, et est de la mer de Ross)
• La lettre C indique qu'il provient du 3e quadrant entre 90° et 180° de longitude est (ouest de la mer de Ross, et la Terre de Wilkes)
• La lettre D indique qu'il provient du 4e quadrant entre 0° et 90° de longitude est (barrière d'Amery, et est de la mer de Weddell).

L'iceberg A-68 était donc le 68ème iceberg suivi par le NIC dans la zone A, donc du 1er quadrant.

Lorsque l'un de ces icebergs géants se fragmente, chaque morceau qui s'en détache est affecté du code de l'iceberg d'origine suivi d'une lettre. Par exemple, en 2018, un gros morceau de l'iceberg A-68 s'est rompu et a été surnommé A-68B. L'iceberg d'origine, l'iceberg "mère", est alors devenu A-68A.

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Les icebergs et le changement climatique

On pourrait penser que les régions polaires, lointaines et peu habitées, sont peu impactées par le changement climatique. La réalité est bien différente. Les régions polaires sont des témoins sensibles du changement climatique. De même que les icebergs qu'elles abritent. Le réchauffement climatique accélère la fonte des glaciers. Depuis leur surface, mais aussi depuis leur base, puisque l'eau plus chaude s'infiltre dans les glaciers. Les vêlages sont alors plus fréquents. La fonte de ces glaciers apporte de grandes quantités d'eau douce dans l'océan, pouvant influencer la densité de l'eau et certains courants majeurs. L'effet est pour l'instant limité, mais c'est un sujet que les scientifiques surveillent de près.

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Les icebergs fascinent car ils incarnent à la fois la puissance de la nature et la fragilité des régions polaires. Nés des glaciers, sculptés par le vent et les vagues, ils dérivent silencieusement jusqu'à disparaître... Qu'on les observe depuis une plage islandaise, un fjord groenlandais ou un bateau en Antarctique, il s'agit d'un spectacle inoubliable.

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